Infirmière au Québec : Herbe plus verte ?
Jeudi 3 décembre 2020 23h
Je me rends au sous sol dans les vestiaires peu chaleureux de l’hôpital. J’ai comme l’impression que c’est ma dernière nuit ici. Je ne suis pas à ma place je le sens depuis quelques jours.
J’entame mon shift de nuit toujours en orientation c’est à dire que sur l’unité dans laquelle je suis, je suis encore en doublage avec une personne sensé « m’orienter ».
Vendredi 4 décembre 8h

Fin de mon shift. Je l’avais préssenti ça a bien été ma dernière nuit dans cet endroit. Sur 29 jours d’orientation j’en ai passé 22 de jours et 7 de nuits. 7 petites nuits qui ont eu raison de toutes ma volonté de continuer dans cette unités de soins critiques. Cela a été le jour et la nuit au sens propre et au sens figuré. L’équipe de jour a été motivante et bienveillante de quoi te donner envie de te lever le matin pour aller travailler. Or, la nuit j’avais plutôt envie de rentrer me coucher. Parfois il ne suffit de pas grand chose mais dans le milieu du travail et cela peu importe le corps de métier les personnes qui vous veulent du mal existent. Je souhaite beaucoup de courage aux personnes qui doivent subir cela sur le long terme pour ma part le filtre a pu se faire facilement j’ai quitté cet endroit.
Je ne donnerai pas trop de détail car je refuse de donner une quelconque importance aux personnes mal veillantes qui parfois nous entourent dans le milieu du travail mais il arrive que pour une raison ou un autre vous tombiez sur une personne qui pourra anéantir toute volonté d’évoluer dans un environnement donné.
Je n’ai pas fait le bilan de mon exercice infirmier ici car a vrai dire c’est la que le bât blesse. Cela ne concerne que mon experience. Sur deux experiences différentes ici je n’ai hélas pas retrouvé les conditions de travail dans lesquelles j’ai pu être satisfaite . J’ai peut-être été chanceuse mais je n’ai pas trouvé ce qui avait pu me stimuler ni même d’aussi bonnes conditions que dans les milieux dans lesquelles j’ai évolué en France.

Dans l’ensemble, je trouve moins d’entraide, moins d’organisation. Je trouve parfois les pratiques un peu archaiques et difficile à changer ce qui parfois cause beaucoup d’irritants. Exemple, tu perds un temps fou à courir après le dossier papier de ton patient justement parce qu’il est papier, que tous les consultants l’utilise. Qu’il faut que toi derrière tu relèves ou parfois même déchiffre certains hiéroglyphe que si tu ne le fais pas à temps tu le laisse à l’équipe suivante qui va râler… En bref moi qui ne connaissait plus le tout papier, du moins plus après mes études, je t’avoues que c’est un gros challenge.
D’un autre côté je trouve qu’ici l’accent est mis sur la formation, le rapport avec les médecins est différents la relation est peut-être un peu plus horizontale. Ton évaluation en tant qu’infirmière prend tout son sens et on l’attendra de toi.
Juste un petit rappel, s’ils recrutent des infirmières en masse ça n’est pas pour rien. Ici ça n’est pas l’eldorado. En effet si tu veux gagner plus, vraiment plus en tant qu’infirmière tu peux y aller. Exemple enchainer shift nuit plus jour admettons de 00h à 16h tous les jours sans exception voire plus aucun problème! Aucune illégalité en ce qui concerne le code du travail. Tu peux vraiment bien gagner ta vie mais à quel prix?
A titre d’exemple à temps plein lorsque je fais 6 jours en 8h sur la même semaine cela me fait 48h de travail. L’autre semaine j’en ferais 32h pour avoir mon temps sur deux semaine. Dans ce temps de travail toutes ces heures ne sont pas payées car l’heure de repas ne compte pas totalement. Par ailleurs tu as 4 semaines de vacances par an mais saches qu’ici en Amérique du nord la moyenne c’est deux semaines alors on ne se plaint pas.
Mais en réalité à temps plein ici je ne trouve pas que ma qualité de vie est meilleure. Je ne dresserai pas un tableau avec les points positifs et négatifs car chaque personne voit midi à sa porte. Il faut vivre les choses pour les comprendre. Par ailleurs si tu es libre de pouvoir changer d’unités ou d’hôpital c’est interessant de ne pas se baser sur une ou deux experiences négatives avant de tirer ses conclusions. Une chose est sûre le célèbre adage prends tout son sens. L’herbe n’est définitivement pas plus verte ailleurs juste différente et c’est toute la richesse de cette experience pour s’accomplir.
Loin de moi l’idée de démonter l’exercice infirmier ici. Tu as de belles perspectives si tu veux évoluer, une belle reconnaissance. Pour peu que tu aies cette patience ce sont des promesses que tu auras difficilement en France. Par ailleurs tu peux plus facilement être toi même on se fiche de tes tatouages, de ton voile, de ton turban et j’en passe. En tout cas ici à Montréal.
Je dirais que si tu as des perspectives d’évolutions ou que tu as envie d’évoluer et de changer c’est plus facile.
A titre d’exemple la formation des Infirmières praticiennes spécialisées existent au Québec depuis 2002 mais le rôle élargi existait déjà dans les années 90 alors qu’en France le décret concernant les IPA à savoir les infirmière en pratiques avancées existent depuis juillet 2018.
Gardons en tête que la patience est la mère de toutes les vertus. Dans tous les cas on évolue on s’accomplit dans les défis que la vie nous réserve et dans tous les cas on apprends beaucoup sur nous, nos exigences s’affinent .
En somme qui vivra verra mais tirons profit de nos expériences qu’importent ce qu’elles impliquent.

Noukhty.